L'action de la Municipalité dans le premier automne de guerre (octobre - décembre 1914)

Reims dans la guerre en 1914.

Le ravitaillement de la population civile constitue un motif constant de préoccupation pour l’administration municipale qui, après entente avec l’intendance militaire, crée un comité de ravitaillement et achète de grandes quantités de produits de première nécessité : viande, pommes de terre, sucre, chocolat. Ces marchandises amenées par trains militaires, transportées par camions, sont ensuite vendues sans bénéfice par la mairie aux grandes maisons d’alimentation et aux petits commerçants. Pour financer ces achats le conseil municipal vote régulièrement des crédits (7 crédits successifs de 300 000 francs chacun entre septembre et décembre 1914). Mais dès la fin du mois de septembre, l’inflation commence à créer un fort mécontentement, d’autant que certains commerçants augmentent fortement le prix des denrées fournies par la mairie à prix coûtant. Du coup, cette dernière prend des arrêtés fixant le prix de certains produits mais avec un succès tout relatif. De plus, l’attente augmente dans les magasins, particulièrement dans les boulangeries où il n’est pas rare de faire la queue de 6h à 8h le matin pour le pain. Enfin, les plaintes contre les pillards se multiplient.

Comme elle a commencé à le faire dès le mois d’août, la municipalité continue à verser des aides à certaines familles de mobilisés qui se trouvent dans la gêne. Tout cela met en difficultés les finances municipales comme en témoigne le projet de budget pour 1915 : « il ne peut être établi avec précision parce que les recettes sont très aléatoires et seront sans doutes bien inférieures au produit des années précédentes et que, d’autre part, les dépenses extraordinaires causées par la guerre se continueront encore ». De fait, les recettes s’écroulent, notamment celles de l’octroi (taxe perçue sur un certain nombre de produits introduits dans une commune pour y être consommés) qui passent d’une moyenne mensuelle de 178 625 francs de janvier à août à une moyenne mensuelle de 38 476 francs entre septembre et décembre.

Malgré les bombardements les séances du conseil municipal continuent à se tenir à peu près régulièrement : les 13 et 23 octobre, les 5, 17, 28 novembre, le 28 décembre.

L’effectif du conseil n’est jamais au complet avec les élus mobilisés au nombre de six : le second adjoint, Jean Knoeri (57 ans), comme médecin, et les conseillers Albert Barot (54ans), Michel Denis (37 ans), Gustave Laurent (41 ans), Georges Lhermitte (47 ans), Léon Mabille (37 ans). Des polémiques enflent sur certaines absences. Ainsi lors de la séance du 5 novembre 1914 le conseiller de droite Lelarge demande la démission de ceux qui au début septembre 1914 ont quitté précipitamment Reims. Il vise ainsi les radicaux Paul Chappe et Léon Tixier ainsi que le socialiste indépendant Edmond Lesourd. Le 28 novembre 1914, à l’inverse, c’est le socialiste Guernier qui s’étonne des absences du conseiller de droite Mennesson-Champagne qui se trouve à Epernay. A ces polémiques Jean-Baptiste Langlet répond que, de sa propre initiative, il a immédiatement retiré leur délégation aux adjoints Chappe et Lesourd défaillants et donne l’assurance que « personne ne faillira à son devoir jusqu’à ce que nous soyons débarrassés des Allemands ». Cette attitude de grande fermeté du maire accompagne la montée en puissance de son image, parallèlement à celle de Reims ville martyre. Le 21 octobre 1914 le nom de Jean-Baptiste Langlet ouvre la première liste des Français cités au journal officiel. La remise de la Légion d’honneur par le Président du Conseil René Viviani, le 8 novembre, augmente encore l’aura du maire. La presse nationale n’est pas en reste : Le Temps publie deux articles sur Jean-Baptiste Langlet, l’un le 18 septembre, l’autre le 26 octobre. Quant à L’Illustration, elle ne consacre pas moins, entre septembre et décembre 1914, de huit reportages sur Reims et son maire. Enfin, le dimanche 13 décembre, le président de la République, Raymond Poincaré fait une rapide (1h30) et discrète visite à Reims.

Les écoles sont réouvertes fin décembre, des classes sont créées dans les caves de certaines maisons de champagne : Krug, Mumm, Champion, Pommery, …

Des manuscrits précieux de la bibliothèque et des documents d’archives sont mis à l’abri dans les caves voûtées du musée rue Chanzy, à l’initiative du maire.


 

Dernière mise à jour : 20 octobre 2022

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