Reims dans la guerre en 1915.

En 1915, sept séances du conseil municipal se tiennent à l’Hôtel de Ville : le 10 février, le 23 mars, le 21 avril, le 4 juin, les 8 et 30 septembre et le 23 novembre. En raison du couvre-feu, les conseils ont  dorénavant lieu en milieu d’après-midi. Les conseillers présents sont en moyenne à peine une quinzaine sur un effectif total de 36. Cet absentéisme très élevé est dû au fait qu’un certain nombre d’édiles sont mobilisés et que d’autres ont quitté Reims.

Le premier motif de préoccupation de la municipalité est le ravitaillement de la population civile. La mairie fait  acheter de grandes quantités de produits de première nécessité,  charbon, pétrole, viande, pommes de terre, sucre, chocolat. Ces marchandises amenées par trains militaires à la gare de Muizon, puis transportées par camions, sont ensuite vendues à prix coûtant aux commerçants. A la fin du mois de mai 1915 le bruit se répand parmi les 26 000 habitants encore à Reims que l’on va manquer de pain. Ces inquiétudes sur le pain avivent encore le mécontentement devant l’inflation qui touche les produits d’alimentation et en particulier la viande de boucherie. Aussi, au conseil du 4 juin, l’adjoint chargé du ravitaillement, Emile Charbonneaux, doit-il s’expliquer sur la situation. Pour lui, la relative pénurie de farine a deux causes. La première est purement accidentelle puisque liée à l’arrêt provisoire, à cause d’une panne, d’un des moulins qui approvisionnent les boulangers rémois. La seconde, révélatrice des tensions sur le ravitaillement, est liée au fait que  des achats de farine faits par la ville de Reims dans d’autres départements n’ont pu être honorés, les préfets ayant bloqué les expéditions pour conserver dans leur département la farine produite. Pour la viande Emile Charbonneaux précise qu’il s’agit d’un phénomène de hausse générale lié aux achats considérables effectués par l’armée.

La municipalité s’efforce aussi, par l’intermédiaire du Bureau de Bienfaisance,  d’atténuer quelque peu la misère que connaît une partie de la population rémoise. Mais  les secours accordés sont très faibles (70 centimes par jour pour un adulte, 40 centimes pour un enfant) et condamnent à la misère celles et ceux qui n’ont que cela pour vivre (à titre indicatif, un kilo de pommes de terre vaut au minimum 20 centimes, un litre d’huile 1 franc soixante, 50 kilos de charbon, vendus au prix le plus bas par la mairie, 2 francs 60). Il faut dire, à sa décharge, que la municipalité doit faire face à une situation financière inextricable car ses ressources, essentiellement l’octroi et les centimes additionnels, se sont effondrées alors que ses dépenses n’ont pas diminué dans les mêmes proportions. Ainsi, lors du conseil du 8 septembre 1915, le maire explique que pour payer les dépenses les plus urgentes il faut 1 200 000 francs. Il ajoute qu’afin d’assurer dans les 6 mois qui viennent les services municipaux et notamment ceux d’assistance, il faut encore  2 200 000  francs. Or la ville ne possède en caisse que 800 000 francs. Certes, la mairie reçoit des dons privés mais il s’agit de sommes limitées, allant de quelques dizaines à quelques milliers de francs, bien insuffisantes en tout cas à combler l’énorme déficit municipal. Jean-Baptiste Langlet lance donc un appel à l’Etat pour envoyer les subventions nécessaires. Dans ce contexte financier la municipalité réalise des économies en fermant temporairement certains services municipaux comme le Théâtre ou l’Ecole de musique. Quant aux établissements et services qui ne relèvent pas uniquement de la mairie comme l’Ecole de médecine, l’Ecole pratique et les écoles primaires, la municipalité estime qu’elle ne peut être tenue d’en payer les frais aussi longtemps qu’ils ne peuvent fonctionner mais qu’il faudra pour cela s’entendre avec les ministères concernés.


 

Dernière mise à jour : 20 octobre 2022

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