Reims dans la guerre en 1917.

En 1917, le conseil municipal ne se réunit que 4 fois : le 11 janvier, le 2 avril (et encore pour à peine une demi-heure), le 27 juillet et le 10 octobre. C’est moins qu’en 1916 (5 réunions) et qu’en 1915 (7 réunions). En raison du couvre-feu, les séances ont lieu l’après-midi et du fait de l’incendie de l’hôtel de ville, le 3 mai, les conseils de juillet et d’octobre se tiennent dans le cellier du champagne Werlé, au 6 rue de Mars, où se sont installés les services municipaux. En moyenne, une quinzaine de conseillers sont présents. Il est à noter qu’un conseiller municipal, le socialiste Emile Guernier, blessé par un éclat d’obus le er août, doit être amputé d’une jambe.

Comme à l’accoutumée le maire, Jean-Baptiste Langlet, évoque les dons arrivés en mairie. Certains viennent de loin comme ceux de Mme Moeller, habitante de la ville de Napier en Nouvelle-Zélande, ou d’un groupe d’Américains travaillant pour la société franco-américaine des phosphates de Médulla en Floride. Une souscription en faveur des enfants de Reims, organisée par le député Camille Lenoir, rapporte plus de 24 000 francs.

Les relations avec l’autorité militaire occupent une place importante dans les débats du conseil. L’intendance réquisitionne à plusieurs reprises des outils de voirie et le service de santé  impose l’installation d’une ambulance dans les locaux de l’hospice général. La municipalité se plie volontiers à ces demandes, même si elle conteste parfois devant la justice de paix les indemnisations jugées trop faibles. Mais certaines contraintes passent plus mal. Ainsi les militaires  ayant interdit aux civils de circuler à bicyclette le maire proteste et demande de rapporter cette mesure en raison du danger qu’il y aurait pour les Rémois à demeurer trop longtemps dans les rues, ce qui serait le cas s’ils ne devaient plus circuler qu’à pied.

Le ravitaillement de la population civile (17 100 personnes au recensement du 21 février 1917, 5312 à celui du 10 juin 1917) est maintenant bien rodé avec les achats, par la mairie, de produits qui sont ensuite revendus à prix coûtant aux commerçants. Toutes ces marchandises sont entreposées dans des locaux appartenant à la ville ou loués à des particuliers. Comme la mairie doit les assurer, la liste en est dressée pour approbation du conseil : 34-36 chaussée Bocquaine, 20 rue des Augustins, école de la rue Buirette, 6 rue Polonceau, route de Louvois, 21 avenue de Paris, abattoir, groupe scolaire de la rue Libergier, moulin de Courmont (à Muizon), 9-11 rue Vernouillet, moulin Brisson.

La réfection des canalisations d’eau endommagées par les bombardements est aussi une préoccupation récurrente de la municipalité qui se félicite que le personnel du service des eaux, avec le concours de la main d’œuvre militaire, ait pu assurer jusque-là l’alimentation en eau potable non seulement de la population civile mais aussi des cantonnements militaires (même si un litige continue à opposer la Ville à l’intendance militaire qui entend payer le m3 d’eau moins cher que le tarif municipal).

La Ville de Reims fait aussi l’acquisition d’un hôtel à Monetier-Mornex en Haute-Savoie. C’est dans cette commune qu’en juillet 1916 les pensionnaires de la maison de retraite, évacués de Reims, avaient été répartis dans trois hôtels loués pour l’occasion. Or cette solution apparait onéreuse et malcommode car le personnel, exclusivement féminin, est surmené par les courses incessantes entre les trois bâtiments. Un hôtel à la capacité suffisante pour regrouper tous les retraités évacués étant à vendre dans la même commune, les Hospices de Reims en font l’acquisition. Il est prévu que lorsque les retraités pourront rentrer à Reims, le bâtiment sera utilisé pour des blessés en convalescence ou comme sanatorium.

Avec des recettes qui se sont effondrées et des dépenses qui demeurent élevées, la municipalité continue à présenter des budgets en fort déficit. Certaines recettes prévues apparaissent même tout à fait théoriques, comme cette taxe sur les chiens censée rapporter 5 000 francs mais au sujet de laquelle le receveur municipal mentionne lui-même « qu’en raison des circonstances actuelles, il ne lui est guère possible de contraindre les débiteurs au paiement de l’imposition » ! Pour faire des économies, certains conseillers proposent de diminuer le nombre des employés municipaux. Sont visés en particulier l’état-civil, jugé trop fourni en personnel pour une population en baisse constante, et la police considérée comme trop nombreuse étant donné que c’est essentiellement à la gendarmerie militaire qu’incombe le soin d’assurer l’ordre et la sécurité publique. Mais à chaque fois le maire s’oppose à ces propositions de réduction de personnel.


 

Dernière mise à jour : 21 octobre 2022

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