Reims dans la guerre en 1914.

Le 3 septembre 1914, après le départ des dernières troupes françaises, un calme lourd s’abat sur la ville de Reims qui attend l’arrivée des Allemands. Ceux des Rémois qui n’ont pas encore quitté leur ville, et que l’on peut estimer au tiers de la population d’avant-guerre, laissent percer une inquiétude certaine, d’autant que se sont multipliées les rumeurs sur des exactions allemandes en Belgique. Ce même jour, vers 20 heures, constatant qu’il ne reste plus aucun soldat français à Reims, un petit groupe de hussards, menés par le capitaine von Humbracht, fait son entrée dans la ville. Cette troupe a été envoyée en reconnaissance par l’Etat-major de la IIIe armée allemande qui, composée de contingents saxons et sous les ordres du général von Hausen, se dirige alors en direction de Châlons-sur-Marne. Ces cavaliers ennemis passent la nuit à l’hôtel de ville, en compagnie du maire, le docteur Langlet, qu’ils ont convoqué. A ce moment, bien peu de Rémois savent que quelques Allemands sont déjà à Reims. La grande majorité de la population attend l’arrivée des troupes ennemies pour le lendemain.

Dans la soirée du 3 septembre arrivent aussi, mais en automobile cette fois, l’intendant général Zimmer et son secrétaire qui se rendent à l’hôtel de ville. L’intendant général exige la livraison par la Ville d’un certain nombre de denrées et de produits destinés à l’entretien des troupes allemandes : 100 tonnes de pain, 50 tonnes d’avoine, 25 tonnes de légumes, 60 000 litres d’essence, de la paille et du foin. Il réclame en outre le dépôt d’une caution d’un million de francs comme garantie de la bonne livraison de ces fournitures. Interrompues à minuit, les discussions entre l’intendant général Zimmer et le maire reprennent dans la matinée du 4 septembre. C’est dans cette même matinée que, vers 9h30 des obus commencent à tomber sur Reims. L’intendant Zimmer, qui est toujours dans le bureau du maire et qui pense qu’il s’agit de tirs français, crie au guet-apens jusqu’à ce qu’un employé de la mairie, M. Py, arrive avec un éclat d’obus prouvant qu’il s’agit d’obus allemands. L’intendant général Zimmer ordonne alors de faire arborer un drapeau blanc sur l’hôtel de ville et un autre sur la tour nord de la cathédrale, ce qui a pour effet de faire cesser le bombardement.

En une demi-heure, 200 obus sont tombés sur la ville, tuant une soixantaine de Rémois (enterrés le 6 septembre à Saint-Remi) et causant d’importants dégâts. Ce premier bombardement trouve son origine dans les rivalités entre les armées allemandes. En effet, si les premiers cavaliers allemands entrés à Reims appartiennent à la IIIe armée, le général von Bülow qui commande la IIe armée, composée de contingents prussiens, est aussi sur les rangs pour prendre le contrôle de la ville.

Venant de Valenciennes, il doit en principe passer à l’ouest de Reims mais il est à l’évidence tenté de faire une entrée triomphale dans la ville, d’autant qu’il ignore que s’y trouvent déjà des Allemands. Le 3 septembre, il envoie comme plénipotentiaires deux officiers, von Arnim et von Kummer, qui appartiennent à l’Etat-Major de la garde impériale.

Ces derniers arrivent dans l’après-midi à la Neuvillette et se présentant au maire, Léon de Tassigny, demandent à être mis en contact avec les autorités militaires françaises. Mais le 4 septembre au matin, le général von Bülow, ayant perdu le contact avec ses plénipotentiaires et les croyant prisonniers de la population de Reims, ordonne alors à une batterie commandée par le colonel von Roelder et située aux Mesneux d’effectuer un tir de représailles sur Reims, pourtant déclarée ville ouverte. Après l’arrêt du bombardement, le général von Bülow arrive à Reims, accompagné du 4ème fils de Guillaume II, le prince August Wihelm. Il menace la ville de nouvelles représailles si les plénipotentiaires ne sont pas retrouvés. Comme leur trace se perd à la Neuvillette, le maire M. de Tassigny et un de ses amis, M. Kiener, proposent de partir à leur recherche avec deux officiers allemands. Finalement, les deux plénipotentiaires allemands avaient été envoyés au village de Merfy où se trouvait un Etat-Major français mais ce dernier avait refusé de les recevoir tout en les retenant prisonniers, sous le prétexte que n’ayant pas eu les yeux bandés, ils avaient pu connaître les déplacements des troupes françaises. Ils seront par la suite transférés à Sézanne, puis à Orléans, avant d’être renvoyés en Allemagne par bateau. Quant au maire de la Neuvillette et son ami, retenus prisonniers par les Allemands, ils ne reviendront à Reims que deux mois et demi plus tard, après avoir transité par la Suisse.

Le 4 septembre, vers deux heures de l’après-midi, entre à Reims le gros des troupes allemandes constitué par le XIIe corps de réserve saxon, commandé par le général von Zuckau. Haranguant ses troupes, ce dernier prend bien soin de rappeler que leur entrée à Reims coïncide jour pour jour avec celles de leurs prédécesseurs en 1870. Par mesure de précaution, les Allemands installent des canons braqués sur les rues débouchant sur l’hôtel de ville. Des cuisines de campagne sont aménagées sur le parvis de la cathédrale. Quant à la Kommandantur, elle s’installe à l’hôtel du Lion d’Or.


 

Dernière mise à jour : 12 avril 2022

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