Reims dans la guerre en 1918.

Malgré les difficultés liées à la situation militaire et aux bombardements, les évacuations d’œuvres d’art se poursuivent en 1918.

En ce qui concerne le Musée des Beaux-Arts dont la majeure partie des collections a déjà quitté Reims, quelques très grandes toiles et des pastels, qui demeuraient encore dans la ville, sont évacuées par camions militaires le 2 janvier 1918. Ces œuvres arrivent à Paris le 7 janvier et sont stockées au Panthéon.  Toujours en janvier 1918, les cinq statues de la maison des Musiciens du 20 rue de Tambour sont déposées et envoyées au Musée du Trocadéro. Cette précaution se révèle d’ailleurs salutaire puisque, quelques mois plus tard, cette maison du XIIIe siècle, classée à l’Inventaire des Monuments historiques depuis 1907, est entièrement détruite par les obus allemands.

Le 6 mai 1918, c’est au tour de la statue de Jeanne d’Arc d’être évacuée de Reims et mise à l’abri au Panthéon. Réalisée à la suite d’une souscription lancée par l’Académie de Reims en 1888 par le sculpteur Paul Dubois, la statue avait été installée sur le parvis de la Cathédrale et inaugurée par le Président de la République Félix Faure le 15 juillet 1896. Depuis octobre 1914, elle avait eu la chance d’être épargnée par les nombreux obus tombés tant sur la cathédrale que sur ses alentours. La statue retrouvera sa place devant la cathédrale en juillet 1921. Son retour sera d’ailleurs l’occasion d’une polémique entre la municipalité radicale et socialiste, dirigée par Charles Roche, et le Comité d’organisation des fêtes de Jeanne d’Arc. Le maire de Reims refuse toute participation à ce qu’il considère comme une manifestation cléricale.

En ce qui concerne les vitraux de la cathédrale, du moins ceux qui n’ont pas été encore détruits, on poursuit le travail de dépose entamé en 1917 par l’architecte Max Sainsaulieu, en collaboration avec le maître-verrier Jacques Simon. Les vitraux du bas-côté et du transept nord avaient ainsi pu être déposés et mis à l’abri. Mais la dépose des verrières des fenêtres supérieures apparaissait très difficile à réaliser. Elle l’est finalement entre février et mars 1918 grâce au concours des pompiers de Paris qui, suspendus à des échelles de corde, réussissent à les démonter de l’intérieur.

Après l’évacuation définitive des civils à la fin du mois de mars 1918, Reims reste aux mains des seuls militaires. Pourtant, des évacuations d’objets d’art ont encore lieu durant cette période. Louis Ancel, un antiquaire parisien mobilisé au 19e escadron du train comme conducteur d’automobile, est détaché en tant que délégué du ministère des Beaux-Arts auprès du capitaine d’artillerie Robert Linzeler (qui était avant-guerre joaillier-orfèvre rue de la Paix à Paris) supervisant à Reims les évacuations. Bien que simple soldat, Louis Ancel  joue un rôle important. En particulier il est autorisé à plusieurs reprises à pénétrer dans la cathédrale pour y récupérer des débris de statues et des vitraux. Son rôle lui vaut d’ailleurs une citation le 17 juillet 1918 et le capitaine Linzeler lui rend hommage dans une lettre à Maurice Barrès en évoquant « Ancel, l’antiquaire parisien, qui est venu volontairement à Reims dans mon service pour y sauver ce qu’on pouvait sauver, et dont on ne saura jamais assez l’actif courage ».


 

Dernière mise à jour : 21 octobre 2022

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