Reims dans la guerre en 1915.

Avec la guerre la presque totalité des écoles primaires est réquisitionnée par l’armée, de même que les deux établissements secondaires, le lycée de garçons de la rue de l’Université (actuel collège Université) et le lycée de jeunes filles rue du Faubourg Cérès (actuel lycée Jean Jaurès). La Ville vote des bourses pour placer dans d’autres villes des élèves des collèges et lycées. L’inspecteur de l’enseignement primaire Octave Forsant, secondé par deux institutrices, Blanche Cavarrot et Marie-Clémence Fouriaux, s’active à la réouverture de quelques classes primaires dès la fin de l’année 1914.

Pour des raisons de sécurité certaines classes sont installées dans des caves de maisons de champagne et prennent le nom de généraux. La première (école Maunoury) ouvre le 7 décembre 1914 dans les caves Pommery (fermée le 31 juillet 1915, elle rouvre le 13 mars 1916). Ensuite, sont ouvertes les écoles « Joffre » (caves Mumm) le 25 janvier 1915,  « Albert 1er » (caves Krug) le 1er février 1915 et « Dubail » (caves Champion) le 5 mai 1915. Ces écoles de caves, souvent montrées dans la presse française, se trouvent dans des quartiers exposés, proches des lignes allemandes (entre 1 et 2,5 kilomètres de distance). Enterrées, ces caves sont aménagées sommairement. À l’école Joffre, les classes sont séparées par des cloisons de caisses à champagne superposées. A l’école Maunoury, on utilise trois couloirs, le premier pour les cours, le deuxième pour les récréations et le troisième pour les exercices de gymnastique. A école Dubail, les quatre classes sont installées à l’extrémité d’un bas-cellier en sous-sol, de manière à former un quadrilatère dont chaque classe occupe un des angles.

Mais on commence aussi à rouvrir quelques bâtiments scolaires de surface dans des quartiers plus éloignés des lignes allemandes : au Faubourg de Paris  (9 février 1915), à Fléchambault (17 juin 1915), à Clairmarais (17 juin 1915), rue Libergier (12 juillet 1915), rue Anquetil (8 novembre 1915), place de Bétheny (29 novembre 1915), rue des Romains (15 février 1916), rue du Ruisselet (20 février 1916). Pour des raisons de sécurité, les classes se tiennent parfois dans les sous-sols (cas de Libergier, Fléchambault, école pratique de commerce et d’industrie).

Ces écoles sont facultatives car, dans les conditions particulières que connaît Reims, il est hors de question d’assurer une vraie obligation scolaire. Les élèves  comme les enseignants sont volontaires et l’administration décline « toute responsabilité en cas d’accidents résultant d’un bombardement ». A la fin de 1915, on trouve environ  1600 élèves scolarisés dont ¼ dans les écoles de caves. Ils sont encadrés par 29 institutrices et 7 instituteurs. L’enseignement privé, de son côté, ouvre une première école en novembre 1915, puis deux autres par la suite. Ces trois écoles reçoivent un peu plus d’une centaine d’élèves.

Le 10 juillet les examens du certificat d’études ont lieu dans les locaux de l’école maternelle de la rue de Courlancy. 36 candidats sur 38 sont reçus : c’est la «Promotion du bombardement » (voir le témoignage de Louise Dény en p. 5), suivie en 1916 par la « Promotion de la Victoire ». Le 10 juillet 1915, le docteur Langlet remet à l’honneur la cérémonie de distribution des prix, pourtant  tombée en désuétude depuis une dizaine d’années, dans les sous-sols de l’école Dubail. Sur l’estrade ont pris place le maire, le représentant du Général commandant la Place de Reims, le lieutenant-colonel Colas, le sous-préfet Régnier, l’inspecteur primaire Octave Forsant et une directrice d’école, Marie-Clémence Fouriaux. Les livres de prix ont été donnés par les élèves de deux écoles : l’école Jean-Baptiste Say de Paris et celle de Sembazon  en Côte-d’Or.  Pour les filles, des trousseaux sont venus de Marseille. La cérémonie commence par la Marseillaise et se termine par le Chant du Départ.

Durant l’été 1915 800 petits Rémois vont pouvoir passer trois mois de vacances loin des bombardements grâce à l’action de la Fédération des amicales d’instituteurs et institutrices représentée à Reims par Marie-Clémence Fouriaux et Blanche Cavarrot.


 

Dernière mise à jour : 20 octobre 2022

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