Reims dans la guerre en 1915.

Avec le conflit la plupart des 350 hommes de la Compagnie des sapeurs-pompiers de Reims se trouvent mobilisés ce qui fait que le service des pompes n’est plus assuré que par un nombre très limité d’hommes. Un rapport du 18 mars 1915 précise que l’effectif des pompiers municipaux est seulement de 23 hommes. 15 d’entre eux se répartissent entre le poste principal d’incendie, rue des Elus, qui compte 9 personnes (2 sous-officiers et 7 sapeurs) et le poste secondaire de l’hôtel de ville, fort de 6 hommes (2 sous-officiers et 4 sapeurs). Les 8 autres pompiers se trouvent, eux, détachés dans des entreprises rémoises. A cet effectif il convient aussi d’ajouter une dizaine d’agents de police qui aident à la lutte contre les incendies mais qui ne sont pas disponibles en permanence. Enfin, un certain nombre de volontaires, ayant autrefois appartenu à la compagnie des sapeurs-pompiers, reprennent ponctuellement du service moyennant une indemnité de 2 francs par jour. Ces hommes qui ne sont plus tout jeunes (de 35 à 73 ans) ont à leur tête le capitaine Geoffroy et le sergent Eloire (devenu adjudant par la suite) qui assure aussi la fonction de gardien du dépôt des pompes.

Outre leur effectif limité les sapeurs-pompiers rémois souffrent de l’insuffisance et de l’obsolescence de leur matériel, composé essentiellement de dévidoirs destinés à être branchés sur les bouches à incendie. Il existe bien un fourgon-pompe  et deux échelles aériennes mais leur état les rend inutilisables. Enfin, il n’y a pas de liaison téléphonique et on utilise pour les communications des cyclistes ou des automobiles militaires. Dans ces conditions, et malgré leur dévouement, les pompiers de Reims sont débordés par le nombre et l’intensité des incendies allumés par les bombardements.

Face à ces conditions difficiles la municipalité demande de l’aide et le 3 mars 1915 le ministère de l’intérieur envoie à Reims une équipe de 32 pompiers de Paris avec 3 automobiles et un fourgon.

De statut militaire, les pompiers de Paris sont cantonnés à l’Ecole Professionnelle de la rue Libergier (actuel lycée Libergier). Leurs relations avec les pompiers municipaux sont inégales. Bien sûr une collaboration professionnelle s’instaure rapidement (par exemple trois pompiers rémois viennent coucher chaque soir au poste des sapeurs-pompiers de Paris afin de guider ces derniers dans leurs interventions nocturnes) mais il existe aussi de nombreuses tensions, chaque corps voulant avoir autorité sur l’autre jusqu’à ce que l’autorité militaire finisse par promulguer un règlement subordonnant les pompiers municipaux aux pompiers de Paris.

Outre la lutte contre les incendies, les pompiers, qu’ils soient municipaux ou militaires, s’emploient aussi à aider à relever morts et blessés. Leur activité n’est d’ailleurs pas sans risques puisque le 21 avril 1917 un pompier rémois est tué et le capitaine Geoffroy blessé. Quatre pompiers de Paris perdent aussi la vie, trois par bombardement et un accidentellement.

Lors de l’évacuation totale du 24 mars 1918, les pompiers municipaux quittent la ville à l’exception de l’adjudant Eloire qui est, avec le chef-fontainier Marcelot,  rattaché au détachement des pompiers de Paris qui, lui, demeure à Reims jusqu’au 31 mai 1918. Après le conflit les pompiers rémois sont à l’honneur puisque le 6 juillet 1919 le président Poincaré leur remet la légion d’honneur avec la citation suivante : « ont fait preuve d’un inlassable dévouement, avec une rare ténacité et un admirable courage, contre les incendies allumés par les bombardements, travaillant sous les obus et dans les nappes de gaz asphyxiants, et méritent, par leur vaillance et leur attachement au devoir, une large part du tribut d’admiration que le pays accorde aux défenseurs de la ville ».


 

Dernière mise à jour : 20 octobre 2022

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