Reims dans la guerre en 1914.

A la veille de la Première Guerre mondiale Reims pointe au 14ème rang des villes françaises de l’époque avec, au recensement de 1911, 115 178 habitants vivant dans 13 806 immeubles et maisons. C’est quatre fois plus qu’un siècle auparavant puisque Reims ne comptait que 28 000 habitants en 1814. Ce dynamisme démographique s’explique par l’essor des industries rémoises et l’exode rural qui fait affluer à Reims nombre d’habitants des campagnes marnaises et ardennaises.

L’économie rémoise d’avant 1914 repose sur trois piliers. Le plus ancien est le textile, en déclin depuis les années 1880, mais qui emploie encore 13 000 ouvriers en 1914 et compte de grands établissements spécialisés dans le peignage, la filature, le tissage et l’apprêt tels Collet, Lelarge, Walbaum et Demarest, Benoît et Cie, Poullot, Marteau, Bouchez ou Duchateau. Le commerce du vin de champagne, lui, est très actif avec ses industries associées, fabrications de bouchons en liège, de caisses, de paniers, de paillons. Entre avril 1913 et avril 1914, plus de 26 millions de bouteilles sont expédiées dont presque 70 % à l’étranger. Enfin, Reims est le berceau des grandes maisons d’alimentation à succursales multiples depuis la création en 1866, par un ouvrier tisseur, des Etablissements Economiques. Au début du XXe siècle rayonnent sur tout le Nord-est de la France les Docks Rémois, les Comptoirs Français, les Etablissements Goulet-Turpin, la Société M.G. Maurois, la Société rémoise de l’Epicerie. En outre, à la veille de la guerre, une certaine diversification industrielle se manifeste avec l’ouverture d’une importante annexe du constructeur automobile Panhard-Levassor et la création de la fonderie Roche-Froment spécialisée dans le gros outillage.

Toute une série d’industries légères occupent aussi une place de choix dans la vie économique (fabriques de biscuits et de glaces, brasseries, imprimeries, feutres, savons, teintures) et le commerce n’est pas en reste avec d’importantes maisons, telles les Galeries Rémoises fondées en 1853, de nombreuses librairies et papeteries. Sur le plan financier, on compte en 1914 huit établissements bancaires dont un purement local, la banque Chapuis.

Le train arrive à Reims depuis 1854 et, en 1912, la gare agrandie reçoit 920 000 tonnes de marchandises. Le canal de l’Aisne à la Marne fait l’objet d’un trafic considérable de 400 000 tonnes de marchandises en 1912. A l’intérieur de la ville, le tramway, où l’électricité a remplacé la traction hippomobile en 1900, développe ses 22  kilomètres de lignes.

Le fauteuil de maire est occupé par le docteur Jean-Baptiste Langlet. Ce radical de 73 ans en est à sa seconde mandature puisqu’il a été élu maire pour la première fois le 17 mai 1908 et réélu le 19 mai 1912. Il est à la tête d’une municipalité où la gauche, bien que majoritaire avec 21 conseillers municipaux, doit compter avec une forte minorité de 15 élus de droite.

Reims apparaît comme une ville bien ancrée dans la modernité de l’époque. Elle un des berceaux de l’aviation naissante.Le premier trajet aérien est accompli le 30 octobre 1908 par Farman entre Bouy et Reims, soit 27 kilomètres parcourus à la vitesse moyenne de 77 kilomètres/heure. Deux grands meetings sur le terrain de Bétheny, du 22 au 29 août 1909 et du 3 au 10 juillet 1910, renforcent la notoriété de la ville dans le domaine de l’aviation. Un troisième meeting se déroule, toujours à Bétheny du 27 au 29 septembre 1913, marqué par la victoire du Rémois Maurice Prévost. Reims est aussi une cité qui compte dans le domaine du sport avec ses 6 sociétés de gymnastique et, surtout, l’ouverture, le 12 avril 1913, du Collège d’athlètes du parc Pommery auquel le Président de la république, Raymond Poincaré, fait l’honneur d’une visite le 19 octobre 1913 lors d’une rencontre sportive qui regroupe 20 000 spectateurs.


Dernière mise à jour : 12 avril 2022

Cette page a-t-elle répondu à vos attentes ?