Reims dans la guerre en 1914.

Si la mi-juillet 1914 est encore pour les Rémois un temps heureux avec le concours national et international de gymnastique (images 1 et 2) qui se tient du 11 au13 juillet, et la fête nationale du 14, très vite les inquiétudes se portent sur l’aggravation des relations entre l’Autriche et la Serbie. Le 28 juillet l’Autriche-Hongrie déclare la guerre à la Serbie et le 30 juillet, la Russie mobilise.

Reims étant une importante ville de garnison, le premier signe de l’entrée imminente de la France dans la guerre, avant même l’ordre de mobilisation générale, est le départ des régiments d’active (composés des soldats en train d’effectuer leur service militaire) casernés à Reims. Le 31 juillet, vers 21 heures, les cavaliers des 16e et 22e dragons (images 3 et 4, 8, 9 et 10) prennent la route de Witry-les-Reims pour se diriger sur Sedan. Le 1er août, vers 2 heures du matin, c’est au tour du 132e régiment d’infanterie (images 5 et 11) de partir. Le 2 août, lorsque la mobilisation générale est annoncée par voie d’affiches, les réservistes (hommes de 24 à 33 ans) rejoignent comme prévu leurs unités. Pour Reims, il s’agit du 332e régiment d’infanterie qui se forme et quitte la ville dès le 11 août. Les hommes plus âgés (jusqu’à 45 ans) sont, eux, incorporés dans le 46e régiment territorial d’infanterie dont le premier bataillon quitte Reims le 8 août pour s’installer au fort de Brimont, le deuxième bataillon étant parti le 5 août pour Verdun.

Même si plusieurs témoignages de contemporains évoquent quelques centaines de civils rémois chantant la Marseillaise au départ des troupes, l’atmosphère est surtout celle d’une ferme résignation. Le départ précipité et massif des réservistes a dépeuplé les usines, les commerces, les bureaux, et il en résulte une désorganisation générale. La misère augmente, en particulier pour ceux qui sont sans travail, leur entreprise ayant fermé, ou pour les épouses de certains mobilisés qui se retrouvent privées de revenu. Pour leur venir en aide, la municipalité vote dans l’urgence un premier crédit de 300 000 francs qui est très vite épuisé. Elle se préoccupe aussi de l’approvisionnement de la ville en denrées alimentaires et tient le 19 août 1914, à l’hôtel de ville, une première réunion avec les représentants des maisons d’alimentation et le syndicat de la boulangerie.

Depuis le 3 août 1914, jour de la déclaration de guerre, le pouvoir de l’autorité militaire est considérable et on institue aussi bien la censure que la fermeture des cafés à partir de 22 heures. Le 7 août 1914, Reims est placée dans la zone des armées et des laissez-passer sont dorénavant nécessaires pour circuler. Dans les quinze premiers jours du conflit, le moral des Rémois apparaît relativement bon. De nombreux trains de mobilisés passent à la gare et des dizaines de camions ou d’autobus parisiens réquisitionnés sont regroupés dans certaines artères de la ville. La confiance dans la force des armées française est alors réelle. La gare, du moins l’extérieur car il faut un laissez-passer pour pénétrer à l’intérieur, est très fréquentée par ceux qui veulent avoir des nouvelles à l’arrivée des trains. Dans le même temps, l’espionnite commence à se développer et les premiers départs de civils sont constatés.

Assez rapidement, cependant, le climat change. A partir du 20 août 1914, les rumeurs les plus alarmantes sur la situation des armées françaises commencent à circuler. On devine le repli français en voyant arriver les réfugiés belges et luxembourgeois et l’inquiétude est à son comble quand c’est au tour des Ardennais (image 6) tout proches. Nombre de ces réfugiés stationnent avec leur misérable bagage sur les trottoirs et dans la cour de l’hôtel de ville, suscitant des réactions oscillant entre la compassion et la méfiance.

Le 25 août, vers 21 heures, un dirigeable français, le Dupuy-de-Lôme est abattu par erreur et s’écrase à la Neuvillette. La municipalité, le 29 août, appelle la population à garder tout son calme mais les Rémois commencent à quitter en masse leur ville. Ceux qui restent sont de plus en plus minoritaires. Le 2 septembre 1914, l’Etat-major français décide de ne pas défendre Reims et de faire évacuer ses troupes. Le sous-préfet, les gendarmes, les services publics de l’Etat quittent aussi la ville où demeurent néanmoins le maire, le docteur Langlet, ainsi qu’une partie des édiles et des employés municipaux. Le même jour, le télégraphe est coupé et le dernier train pour Paris part à 10 heures du matin, avant que le Génie ne fasse sauter les voies. Le 3 septembre, les derniers soldats français sortent de Reims au moment où apparaissent sur les murs des affiches (image 7), signées du maire, informant la population que l’ennemi est aux portes de la ville et appelant au calme.


 

Dernière mise à jour : 12 avril 2022

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