Le voyage du roi et son arrivée triomphante à Reims

Un long voyage

Le voyage du roi est organisé par le marquis de Dreux, grand maître des Cérémonies ; il est chargé de régler les questions protocolaires, le logement du roi et de la Cour, les festivités et la sécurité du souverain.

Le roi part de Versailles le 16 octobre vers 14 h. Il passe d’abord la nuit aux Tuileries, avant de prendre la route pour Reims. Au cours de son voyage, il passe par les cités de Dammartin-en-Goële le 17, Villers-Cotterêts le 18, Soissons les 19 et 20, Fismes le 21 et arrive à Reims le 22 octobre 1722 en début d’après-midi. Le 30 octobre, le roi sacré emprunte le même chemin pour rentrer à Versailles le 10 novembre.

Trois cérémonies protocolaires encadrent l’arrivée de Louis XV à Reims.

Première entrée au Pont de Muire

Au pont de Muire, à proximité du Mont Saint-Pierre, les troupes françaises et suisses forment une haie d’honneur pour accueillir le roi ; il change alors de véhicule et monte dans son carrosse de parade, richement décoré, afin de faire son entrée tel le roi Soleil. L’arrivée en carrosse doré est une invention de son arrière-grand-père, Louis XIV. Auparavant, les rois rentraient à Reims à cheval.

 

Deuxième cérémonie au Grand Chemin

Vers 14 h, à un quart de lieue de la colline Sainte-Geneviève, au Grand Chemin proche de Tinqueux, le roi est accueilli par:

  • les arquebusiers
  • la troupe des huit sergents de la forteresse
  • le conseil de Ville en habits de cérémonie
  • le commandant de la Garde
  • le lieutenant des habitants portant le guidon aux armes de la ville
  • les archers avec les épées nues, leurs housses de chevaux bleues avec des galons blancs assortis à leurs casaques, et portant des chapeaux bordés d’argent avec la cocarde blanche et bleue
  • la jeunesse de la ville montée à cheval

Le conseil de Ville accompagne le lieutenant des habitants qui, un genou en terre, fait une courte harangue au roi par l'intermédiaire du duc de Bourbon ; celui-ci répond gracieusement pour le roi à ce discours des édiles lui assurant respect et obéissance de la cité.

 

Troisième cérémonie à La Barrière

L’entrée royale se fait vers 15h30.

Selon le protocole défini lors du sacre de Louis XIV, le cortège est composé :

  • d’un détachement des deux compagnies de Mousquetaires accompagnant le roi depuis Versailles
  • des carrosses des ducs de Chartres et du d'Orléans, le régent
  • des officiers
  • du premier carrosse du roi
  • du carrosse du Cabinet
  • du second carrosse du roi pour le prince Charles de Lorraine, le grand écuyer de France, le prince de Turenne, le grand chambellan, le duc de Gesvres, le premier gentilhomme de la Chambre et les officiers du roi
  • des pages de la grande et petite écuries marchent derrière
  • du carrosse du Corps pour le Roi dans lequel sont présents à ses côtés les ducs de Chartres, de Bourbon, de Charost et d'Harcourt, le comte de Clermont, le prince de Conty
  • du capitaine des Gardes marchant à la portière du côté droit, ainsi que vingt-quatre valets de Pied et du Guet,
  • des gardes du Corps
  • du grand maître et maître des Cérémonies
  • de la compagnie des Grenadiers à cheval et des gardes du corps
  • du carrosse du grand maître et du maître des Cérémonies
  • de deux compagnies de Mousquetaires
  • des chevau-légers de la garde
  • et de la compagnie des Gendarmes fermant la marche.

La remise des clés de la ville

A son arrivée, le lieutenant des habitants remet au duc de Charost, le gouverneur du roi, un bassin d’argent contenant les clés de la Ville (en argent, attachées par un riche cordon) offertes au roi. Cette remise au duc et non au roi déroge au protocole officiel qui veut que les clés soient remises directement au monarque.

 

Les décorations de la ville

Pour la décoration des portes d’ornement, le conseil de Ville fait appel au Chevalier de La Touche, dessinateur, peintre et poète de Châlons; celui-ci est chargé de dessiner et légender les portes d’explications en vers latin et français, de devises ingénieuses et d’inscriptions.

  • Décor de la première porte, au niveau de La Barrière : arc de verdure mêlé de festons et de fleurs, surmonté d’un cartouche aux armes de France soutenues par deux anges et des vers d’Horace dans un écriteau "Cultus ubituus affulsit populo, gratior it dies et soles melius nittent" (Partout où le culte a brillé sur les gens, le jour est le bienvenu et le soleil brille fort). Sur les murs de chaque côté de la porte, deux camaïeux contenant d'un côté, la ville de Reims personnifiée et de l'autre la rivière de la Vesle sont sculptés.
  • Décor de la deuxième porte : arc de triomphe symbolisant le retour de l’âge d’or avec des figures allégoriques tirées de l’histoire sacrée et profane.
  • Décor de la troisième porte : arc de triomphe représentant le roi assis sur un trône, entouré de la Prudence, de la Justice et de l’Innocence, de la Vérité et de la Charité terrassant la Flatterie, et de la Religion. L'inscription "Ludovico XV. francia et navarra, Regi Christianissimo. Spei Patria In augusta Remorum Basilica delapso cuelitus chismate consecrando Regis David gloriam Salomonis Sapientiant Dies plenos Vias pulchras et semitas pacificas Exultans precatur Senatus populus que Remensis"  (Louis XV France et Navarre, le roi le plus chrétien Patrie. De l’espérance dans l’auguste basilique de Remi. Que la gloire du roi David devienne plus sage. Des journées pleines de belles manières et de paix. Le peuple du Sénat prie avec exultation) complète le décor.

Arrivée aux portes de la Cathédrale

Le cortège royal, devancé par les Mousquetaires, emprunte la rue du faubourg de Vesle pour se rendre à la cathédrale où l’archevêque et le chapitre accueillent leur hôte prestigieux devant le grand portail au son de trois décharges consécutives des  dix-huit canons de l’artillerie de la ville. Les rues de la ville sont richement décorées et bordées des régiments de gardes français et suisses.

 

Les canons de la ville de Reims

La ville n’ayant pas de canons en état de marche, les vieux furent fondus sur autorisation du duc de Maine, grand maître de l’Artillerie. L’ancien métal fut confié au commissaire d’Artillerie à Douai pour la fabrication de dix-huit nouvelles pièces destinées au Salut et aux cérémonies du sacre. La Ville y apposa ses armes sur la culasse ainsi que l’inscription "sacre du roi Louis XV".

Les dépenses pour la fabrication des canons, la poudre de l’artillerie, les salaires des canonniers, des trompettes et tambours ne furent pas intégrées aux dépenses du sacre, mais payées par gratifications à la compagnie des Arquebusiers (2021 lt 9s).

Dernière mise à jour : 24 octobre 2022

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